... servent à nous faire des clins d'œil.
C'est bien connu.
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Dans les rues de Lorient, en ce jour de départ, la pluie s'en donne à cœur joie pour nous saluer et nous rappeler, un sourire entre les nuages, que nous sommes bel et bien en Bretagne.
Promeneurs habitués aux temps maussades, nous nous réfugions - l'expérience vous montrerait que c'est d'une logique implacable - d'abord dans un bistrot, puis dans une librairie, puis dans un autre bistrot.
On éprouve toujours un certain plaisir à ramener de ses voyages un livre qui, une fois rangé à sa place (qu'il trouvera sans peine, soyons-en sûrs) dans la bibliothèque, conservera cependant une sorte d'éclat qui le distinguera des autres et mettra en route notre souvenir. Seul le choix de l'ouvrage peut parfois poser quelque problème. La pluie aidant - car elle avait redoublé - et grâce aux rayons honnêtement pourvus de cette belle librairie de province, je pus hésiter (même à sortir les mains vides) avant de m'arrêter sur le dernier en date des écrits de Jean-Claude Pirotte, comme on sait l'un de mes auteurs de chevet (et d'ailleurs). Pas la peine donc de l'ouvrir : il me plaira.
Entre-temps, l'averse s'était faite bruine, nous offrant donc un passage vers un bar sympathique aux allures de chalet. L'avenante serveuse ayant pris les commandes, et avant même qu'elle ne dépose devant nous les verres remplis d'un liquide brunâtre surmonté d'un col beige (la tête n'y était pas), chacun sort de sa poche sa récente acquisition.
La mienne, ouverte au hasard et à la page 38 : "Tu te souviens du logement que j'occupais à Lorient, près du ciel dans le voisinage agité des mouettes". Décidément, j'avais fait le bon choix.
Retour
J'ai renoué avec ma vieille habitude d'emmener en vacances un livre au moins emprunté en bibliothèque. Je me souviens avoir emporté sur l'Île d'Oléron Collection de sable d'Italo Calvino. Le titre n'avait pas été choisi au hasard et il revint sur les rayonnages de la bibliothèque de la rue Jacques Bingen garni de quelques grains ramassés au gré du vent qui avait soufflé sur La Cotinière.
Douze ans plus tard, me voici de nouveau sur une île, sans pont celle-ci, avec dans mes bagages Paris-Athènes de Vassilis Alexakis, que j'ai emprunté quelques jours auparavant à la bibliothèque de la rue du Commandant Schloesing et que je n'ai pas encore eu le temps de lire. Il y a longtemps que je voulais lire cet auteur et cette fois la suggestion d'une amie grecque m'y a décidé.
J'ai eu tôt fait d'achever le petit livre de Pirotte acheté à Lorient et je suis passé, dès le lendemain de mon arrivée en terre insulaire, à celui d'Alexakis. Je n'ai pas lu très vite, par bribes, quelques paragraphes après le café ou avant l'apéro.
La page où je me suis arrêté, ma lecture interrompue par la visite d'un ange, porte : "Je peux mentionner tous les endroits où j'ai eu par la suite le vertige : sur le pont du Gard, à la grotte de l'Apothicairerie de Belle-Île, sur un phare de l'Île de Groix...". Là, le sourire m'est venu aux lèvres. Il n'allait pas partir de sitôt.
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