31 mars 2004

Situation
Je passe mes journées entre un aqueduc et une vache noire.

30 mars 2004

Anniversaires
Le mois de mars est plein de célébrations potentielles. J'aurais dû fêter, le 8 mars, le souvenir, treize ans après, d'un événement important (pour moi). Les 5 et 16, j'aurais pu souhaiter un bon anniversaire à des personnes qui me sont ou m'ont été chères. Le 12 mars pourrait devenir, dès l'an prochain, une date que je regarderai avec sourire et peut-être nostalgie. Le 30, aujourd'hui, devait être à son tour un moment mémorable. Il est probable que dans vingt-quatre heures il n'en sera rien.

15 mars 2004

13
Je me souviens de l'éclipse du 11 août 1999 et des personnes immobiles qui regardaient en l'air dans la pénombre du jardin du Luxembourg.

11 mars 2004

12
Je me souviens d'une fille aux cheveux blonds.

08 mars 2004

11
Je me souviens du traité de Maastricht.

07 mars 2004

Sans mots de moi
S'il est vrai que j'ai laissé peu de textes sur ce blog au cours des dernières semaines, la colonne de gauche s'est, elle, trouvée régulièrement modifiée. Ce qui montre bien que je vis. Ou au moins que je lis (peu, certes, en ce moment), vois et écoute des choses. C'est une vie extérieure, comme je les aime, parce qu'elle laisse quelques traces. J'en reparlerai un peu plus tard.

01 mars 2004

Un post pour Pralinette
L'important, c'est de rêver, dis-tu. Mais c'est aussi ça :

Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme.
Les forêts s'y heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés.
Il y a toi.
Dans la nuit il y a le pas du promeneur et celui de l'assassin et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère et celle de la lanterne du chiffonnier.
Il y a toi.
Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule et les premiers frissons de l'aube.
Il y a toi.
Un air de piano, un éclat de voix.
Une porte claque. Une horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuit ou sans cesse me dépasse.
Il y a toi l'immolée, toi que j'attends.
Parfois d'étranges floraisons phosphorescentes apparaissent et se fanent et renaissent comme des feux d'artifice charnus.
Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures.
Il y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne.
Et l'âme palpable de l'étendue.
Et les parfums du ciel et des étoiles et le chant du coq d'il y a deux mille ans et le cri du paon dans le parc en flamme et des baisers.
Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde et des essieux qui grincent sur des routes médusantes.
Il y a toi sans doute que je ne connais pas, que je connais au contraire.
Mais qui présente dans mes rêves s'obstine à s'y laisser deviner sans y paraître.
Toi qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve.
Toi qui m'appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion mais qui n'approches ton visage du mien que mes yeux clos aussi bien au rêve qu'à la réalité.
Toi qu'en dépit d'une rhétorique facile où le flot meurt sur les plages, où la corneille vole dans des usines en ruines, où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb,
Toi qui es à la base de mes rêves et qui secoue mon esprit plein de métamorphoses et qui me laisses ton gant quand je baise ta main.
Dans la nuit, il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer, des fleuves, des forêts, des villes, des herbes, des poumons de millions et millions d'êtres.
Dans la nuit il y a les merveilles du monde.
Dans la nuit, il n'y a pas d'anges gardiens mais il y a le sommeil.
Dans la nuit il y a toi.
Dans le jour aussi.


Robert Desnos, "Les Espaces du sommeil" (dans Corps et biens, 1930).
Ce poème a été magnifiquement mis en musique par Witold Lutoslawski en 1975.
... et un pour Martial (reviens-nous vite !)
Une petite pensée en écoutant Couleur Lousiane de mon guitariste-surfeur préféré, Jean-Marie Ecay.