02 septembre 2003

Paresse
Rien de plus normal que la paresse, une vie étant faite bien souvent de traverses et traversée à tout hasard par de longs moments absolument vains. Mais il y a diverses conceptions de la paresse.
Aujourd'hui, si l'on prétend à des loisirs, il paraît nécessaire et hautement moral de les occuper, ces loisirs, ne serait-ce qu'à se rôtir au soleil. A écarter.
La conduite que j'avais adoptée pour mes vacances ardennaises, c'était tout bonnement de ne rien faire, de ne savoir quoi faire jusqu'à la limite de l'ennui pendant des heures, des semaines ou des mois.
Certes on ne peut pas toujours ne rien faire. On n'évite ni de lire ni de se livrer à d'accidentelles occupations, mais il est possible de s'enfoncer assez profondément dans l'inaction. Non pas se détendre, ce qui suppose une tension antérieure ou future, non plus se perdre en des rêveries. C'est plutôt même le contraire de la rêverie : une obstination à affirmer une sorte de vacuité. S'accorder enfin avec l'étymologie du mot vacances et lui conférer sa réelle signification.
En fait l'inaction dont je parle consiste simplement à traîner.
Cela ne ressemble que de loin à ce qu'on appelle la promenade, qui garde un caractère hygiénique et implique l'idée de faire un tour, comme il arrive pour ces sentiers numérotés des stations touristiques. Traîner suppose une sorte de mauvaise volonté, un refus d'exercer ses muscles, de se choisir un but et de repérer des endroits.
(André Dhôtel)

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