31 août 2003

Pont Neuf
Je connais bien Paris - enfin, s'il faut être franc : je connais bien le Paris d'il y a douze ans, quand ma silhouette arrivait à faufiler son ombre le long des façades de chacun des quartiers ; quand des raisons obscures me poussaient place d'Alleray, place Jeaznne d'Arc, place Henri Queuille ou en d'autres endroits encore, qui ne s'accordent pas forcément des places mais parfois des ruelles étroites, courbes, mal éclairées la nuit.
Il n'est pas évident de dire pourquoi hier matin je remontai la rue de l'Arbre sec jusqu'à arriver au Pont Neuf. Le ciel en cette matinée naissant plutôt fraîche (il n'allait pas tarder à pleuvoir), les nuages étaient si nombreux qu'ils couvraient toute l'étendue visible du ciel, en couches inégales. La Tour Eiffel se dressait là-bas, de cette couleur d'ambre que je ne lui connaissais plus - j'avais pris habitude de la voir noire sur le bleu nuit du ciel. Elle portait cette couleur qui s'effaçait au gré de mes pas et d'un rayon de soleil imperceptible, comme si elle devait réveiller quelque chose. Peu après apparaissaient les colonnades du Louvre tandis que, mon regard se portant à gauche trop tard pour voir émerger les tours de Notre-Dame, les deux théâtres de la place du Châtelet se faisaient face, sous la masse bienveillante de l'hôtel de ville.
Je redécouvrais Paris, sans m'arrêter. Et j'y retrouvai peut-être autre chose que le Paris de ce seul matin-là.

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