15 juillet 2003

Puisqu'il n'y avait qu'à faire quelques pas et regarder en l'air, et que de toute façon le boucan prévisible m'aurait sans doute empêché de travailler, je suis allé voir le feu d'artifice.
C'est le deuxième que je vois de près, comme ça, à Paris. Les autres années, en général, j'étais ailleurs ou je m'en foutais. Quand j'habitais en presque-banlieue sud, c'était amusant, je voyais le feu d'artifice du Trocadéro en reflet dans un immeuble en verre ; en revanche, j'avais une vue directe sur un autre, plus petit, au-delà du périph'.
En fond sonore, ce soir (enfin, fond sonore, allez raconter ça à mes oreilles, qui traînaient près des enceintes), des chansons sur Paris. J'étais content d'entendre s'enchaîner Il est cinq heures, Paris s'éveille et Le Poinçonneur des Lilas mais, à mon goût, il en manquait au moins deux :




L'accordéon désaccordé
Les accords d'l'accordéon désaccordé du beau Léon
S'accordent au diapason du tourbillon des corps et des cœurs amoureux
Et l'cordon langoureux de leur mélancolie
Relie mon vague à l'âme au charme disparu des rues du vieux Paris


Où sont tous les cam'lots, les princes de la gouaille
Les champions du bagout, les grands bonimenteurs
Les tarzans-la-houppette brillantinés de frais
Qu'accrochaient leurs bijoux de pacotille au cou des midinettes en bigoudis

Tous les p'tits ouistitis des joueurs de Barbarie qui tiraient sur les chaînes
Jongleurs et funambules qui volaient dans les plumes des chanteuses à rengaines
Fréhel et la Damia, charmeuses de cobras
qui vous saignaient le cœur avec les trémolos du malheur dans la voix

Les accords d'l'accordéon désaccordé du beau Léon
me collent à fleur de peau des vagues de langueur, des nappes de frissons
et l'cordon langoureux d'leur mélancolie
marie mon vague à l'âme à celui de Paname qu'on aime et qu'on oublie


Envolés les bougnats, café-bois-et-charbon
les flambeurs de java soignant leurs peines de cœur au Martini-Picon
les sifflets des poulbots qui fusaient de la place quand les filles à marlou
valsaient la chaloupée l'été à la terrasse des caboulots

Où sont passés les fous rires et tous les mots doux des amants de la Seine
qu'étrennaient leur bonheur des quais de l'Isle Saint-Louis à Notre-Dame en fleurs
Dans quel nid haut-perché du paradis des photographes se cachent les p'tits moineaux
Du Paris de Doisneau chantés par la môme Piaf

Les accords d'l'accordéon désaccordé du beau Léon
me filent à fleur de peau des nappes de langueur, des vagues de frissons
et dans c'vieux décor illuminé par les tubes au néon
je noie mon mal d'amour dans les bras de Paname encerclé par les tours


Mais qu'est-c' qu'y t'ont pas fait, mon Paris, ma canaille, tous ces démolisseurs
Qu'ont un pavé dans l'cœur et des s'melles en béton
Par où s'est envolé l'esprit des ritournelles s'évadant des ruelles
Et du pavé des cours sous l'aile des hirondelles du faubourg

T'as l'air d'un nouveau riche qu'a honte de son passé et qui jette la photo
Déchirée de son âme par-dessus les périph'
J't'abandonne aux touristes, aux branleurs de Tour Eiffel
Et j'retourne en banlieue demander au bon dieu de faire la courte échelle

Aux pianistes à bretelle souriant aux étoiles
Que la boule de cristal renvoie du haut du ciel
Sur les p'tits amoureux qui tournent autour des bals

(Jacques Higelin)
Paris la nuit (Ronde de nuit)
Au cœur de la ville endormie
Reposent des millions d'gens soumis
Personne d'autre pour hurler la nuit
Que l'vieux clochard sous l'pont Marie
Dans les rues y'a plus qu'des matons
Tous les apaches sont en prison
Tout est si calme qu'ca sent l'pourri
Paris va crever d'ennui

L'baron qui règne à la mairie
Veut qu'tout l'monde aille au lit
Sans bruit
Les lits qui grincent sont interdits
D'ronfler c'est toléré...merci!!

Allons enfants de la patrie
Contre nous de la tyrannie
Dont nous abreuve ce bouffon
Élu par de sinistres cons (*)

Paris se meurt aujourd'hui
De s'être donnée à un bandit
Un salaud qui lui a pris
Ses nuits blanches
Paris la nuitc'est fini
Paris va crever d'ennui
Paris se meurt rendez lui
Ses nuits blanches

(La Mano Negra)





Cela dit, je ne voudrais pas casser l'ambiance (il y en avait peu, d'ailleurs).

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