09 novembre 2003

D'habitude
Un de mes profs, celui de qui je me sentais le plus proche du temps où je fréquentais la Sorbonne, soutenait qu'il était important d'avoir des habitudes. Et il avait, bien entendu, raison. Loin d'être lassantes ou contraignantes, une perte de temps ou des routines de maniaque, les habitudes sont les repères quotidiens de notre vie. Mieux, ce sont des stabilisateurs de notre existence.
Il en est ainsi de nos promenades. Il faut refaire les mêmes, souvent. J'ai toujours du plaisir à suivre mes flâneurs préférés de la blogosphère : Ju, toujours à poursuivre quelque lapin blanc, et Asa, qui parcourt les dédales du métropolitain comme un cœur de pyramide. Sait-elle qu'elle glisse parfois ses pas dans ceux d'André Pieyre de Mandiargues ?

"Dans son rêve, Zoé Zara était étendue sur un banc d'une station de métro dont elle pouvait lire le nom, CHÂTELET, sur les plaques émaillées de la paroi d'en face, de l'autre côté des voies. Des trains passaient, mais sans s'arrêter pour repartir ensuite comme dans la réalité, et sur le quai le nombre des gens qui faisaient faction ou qui allaient et venaient était petit et il n'augmentait pas." (Le Songe et le métro, 1971)

"Les méandres des couloirs de la stationChâtelet ne sont pas moins développés et pas moins embrouillés qu'aux stations Opéra et Montparnasse-Bienvenüe." (Le Tapis roulant, 1981)

"De la station, qui maintenant à la vitesse du train se rapproche, au salon d'exposition de la rue Guénégaud, depuis la place où la majestueuse église de Servandoni abrite les anges un peu féminins de Delacroix, par les petites rues des Canettes, des Ciseaux, de l'Échaudé sitôt traversé l'encombré boulevard Saint-Germain, par la rue Jacques Callot ensuite, la distance n'est-elle pas à peine plus longue qu'à partir du métro Odéon où une force étrange et inconnue l'avait empêché de descendre ? Un plaisant parcours dont il pourrait se rappeler que c'était, de jour et de nuit, à quelque variante près, la promenade quotidienne du peintre Filippo de Pisis." (Tout disparaîtra, 1987)

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