12 octobre 2003

Le plaisir des lieux
Il faut éviter d'être trop dur avec les lieux que nous fréquentons. Il faut au contraire faire en sorte qu'ils nous soient agréables.
Prenez Perdigny, par exemple, et sa gare. Matin et soir, les aiguilles de ses horloges me narguent et me décomptent le temps que je n'ai pu perdre comme je l'aurais aimé.
Et pourtant, de me retrouver par un dimanche matin un peu frais d'octobre sur ce quai me fait le considérer avec une sympathie dont je me croyais incapable. Est-ce le manque de bruit, la rareté des visages, l'absence des instruments de travail (toujours les mêmes) ? Tout ici me paraît calme et lent, lieu d'idylles et de flâneries. Le train, pour un peu, serait décoré de roses et jouerait les tortillards entre des tours qu'il parcourt comme une partie de campagne. Même l'autobus parisien prend les airs désuets de l'omnibus pour Saint-Gilles, traversant les marais. Les beaux quartiers semblent un Romorantin à peine plus coincé que nature.
On flâne.
Ça ne durera pas. Demain, ce soir déjà, les monstres automobiles seront de retour, chevauchés par leurs cochers taciturnes aux regards aigres. Ils craindront de manquer du courage d'affronter la semaine et la pluie.

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