28 janvier 2003

Rétrovision
Depuis quelque temps, Temporel me semble quelque peu essoufflé. Ses deux derniers envois ne laissent d'ailleurs guère de doute sur son état d'esprit des derniers jours. Que s'est-il donc passé ?
Il y a quelques semaines, c'était le 4 janvier, je me lançai dans l'écriture d'un blog. Les vacances, une période d'enthousiasme inconsidéré : il n'en fallait pas plus pour me décider. Mais les vacances ont une fin et mes périodes d'enthousiasme aussi. Il faut donc accepter que je n'ai parfois rien à dire ou rien envie de dire.
Pourtant ce blog m'aide un peu. Il me pousse à observer peut-être davantage, histoire d'avoir quelque chose à raconter à mes lecteurs (qui sont plus nombreux quand j'ai fait des envois récents), quitte à déformer un peu les événements pour mieux les faire entrer ici.
La Miss a sans doute raison : je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de blogs qui soient des tissus de mensonges, mais nous ne sommes pas pour autant des sismographes et nous choisissons ce que nous voulons dire et comment nous voulons le dire. Certaines choses nous semblent inessentielles, nous les abandonnons ou nous les maquillons.
"Les gens que je côtoie, et même, mes amis très proches, je n’ai pas envie qu’ils connaissent toutes mes facettes". Bien sûr, Martial, et sur nos blogs on distribue ce que l'on veut, un peu comme dans la vie, d'ailleurs.

Et maintenant, voilà qui illustrera mon propos ci-dessus.
La semaine passée, commencée dans une joie simple et assez discrète, s'est achevée dans les tensions, les interrogations ; pour un peu il y aurait même eu des pleurs.
Que dire de ces événements singuliers qui se télescopent ? De cette lettre reçue vendredi, alors que je ne l'attendais plus vraiment (sans me décider cependant à tourner cette page de ma vie) et qui me fais espérer tout en me donnant des nouvelles tristes. Mais le soir même, un autre message m'arrivait, que j'attendais encore moins et qui lui m'offrait un avenir, un amour que j'ai évidemment refusés.
Dira-t-on que ça se compense : un bonheur qui m'est refusé et un que je refuse ?

Pour le week-end, retour à Breuil-le-Calme, à ma province quasi-natale, par le train et les paysages que je connais si bien maintenant. Journée un peu gâchée d'abord par quelques occasions manquées (en tous genres, je ne développe pas) et une bonne partie de l'après-midi passée à attendre (un train ?) à la Gare du Nord. C'est fou, la Gare du Nord, tous ces gens qui attendent, le regard fixé une demi-heure à l'avance sur le tableau des trains au départ ; ceux (peu nombreux) qui guettent l'arrivée d'un parent, d'un ami venu de Saint-Quentin, de Lille ou de Cologne ; ceux qui sont perdus ; ceux qui courent pour attraper leur train et que l'on revoit passer en marchant quand ils l'ont raté ; ceux qui traînent, qui vont et viennent ; ceux qui vont boire une bière quand le temps commence à leur sembler long (vous m'avez reconnu ? vraiment ?).
Bref. Arrivée à Breuil-le-Calme et un quart d'heure plus tard, le volant entre les mains, cap sur le but de mon voyage : la fête à laquelle m'a convié le seul rescapé de mes copains d'enfance.
Le rôle des fêtes, c'est bien de faire oublier qu'on est fatigué, que la vie n'est pas toujours aussi belle qu'on l'imagine en rêve, que la vie est triste même parfois ? Eh bien, celle-là, elle était réussie. A quatre heures, il n'y avait plus de fatigue, il n'y avait plus de tristesses, il n'y avait que des rires.
Retour ensuite à Breuil-le-Calme, par les brumes de Rousseauville et du Plessis-Nerval.
Retour hier à Paris, par le train, après une halte dans ce petit café près de la gare, où je venais avant, le samedi, en descendant du premier train. Rien n'a changé depuis trois ans que je n'y avais plus mis les pieds (bien que je sois passé devant plus d'une fois). Si, maintenant on paye en euros.
Rien n'a changé, surtout pas le patron et la patronne. Un peu vieillis bien sûr, à tel point que, plus que jamais ils semblent sortis d'ailleurs. Nous ne nous sommes jamais beaucoup parlé, d'ailleurs aux heures où je passe ils prennent eux aussi leur petit-déjeuner, assis à la table du fond, se levant, tantôt l'un tantôt l'autre, pour servir les nouveaux venus ou rendre la monnaie.
Les cartes postales, qui montrent le café lui-même (il y a vingt ans, trente ans, quarante ?) sont toujours en vente sur le comptoir, les horloges paraissent avoir toujours marqué la même heure, le thermomètre-baromètre-hygromètre (bien haut ce jour) est toujours à sa place, près de la double porte battante du restaurant.
Finalement, je ne sais pas si ce genre de retrouvailles me vieillit ou me rajeunit.
Arrivée à Paris. Je reconnais le célèbre monument métallique. Je suis chez moi.

Aucun commentaire: